Anna-Maria Strittmatter
Written By Anna-Maria Strittmatter

Premier League

Genèse de la Premier League : Contexte et motivations initiales des clubs de première division.

Les Origines de la Premier League : Une Révolution dans le Football Anglais

Dans les années 1990, la nécessité d’une restructuration radicale du football anglais était devenue indiscutable pour les clubs de la Première Division. Ces derniers aspiraient à un développement à la fois pour eux-mêmes et pour le jeu dans son ensemble. Le 17 juillet 1991, cette volonté s’est concrétisée avec la signature de l’Accord des Membres Fondateurs, posant ainsi les bases de la création de la Premier League.

La nouvelle ligue se devait d’avoir une indépendance commerciale vis-à-vis de la Football League et de la Football Association (FA). Ce changement crucial permettait aux clubs d’organiser leurs propres accords de diffusion et de sponsoring, une étape décisive pour leur autonomie financière.

Le 20 février 1992, un tournant majeur s’est produit lorsque les 22 clubs de la Première Division ont décidé de démissionner massivement de la Football League. Trois mois plus tard, le 27 mai, la Premier League a été officiellement établie en tant que société à responsabilité limitée. La première saison de la Premier League a débuté le 15 août 1992, avec des clubs emblématiques tels qu’Arsenal, Chelsea et Manchester United.

Dans un souci de promotion du développement et de l’excellence, l’intention était de réduire le nombre de clubs participant à la ligue à 20. Ce but a été atteint à la fin de la saison 1994/95, voyant ainsi un affinement de la compétition.

  • Les clubs de première division avaient proposé, dès 1991, une séparation de la Football League pour obtenir un meilleur contrôle sur les droits de télévision et les revenus commerciaux.
  • En 1992, la Premier League a signé un contrat de diffusion massif avec BSkyB, d’une valeur de 304 millions de livres sur cinq ans, permettant ainsi aux clubs d’investir dans des infrastructures modernes et le développement de talents locaux.

Ce mouvement vers l’indépendance s’est inscrit dans un contexte où le football anglais connaissait un déclin inquiétant dans les années 1980, marqué par des stades en ruine et la violence des supporters. Les clubs cherchaient désespérément à augmenter leurs revenus et à renforcer leur pouvoir face à la Football League, ce qui les a poussés à négocier de meilleures parts des revenus de diffusion télévisée.

Un autre élément ayant incité les clubs à moderniser leurs infrastructures a été le rapport Taylor sur la sécurité des stades, publié en janvier 1990. Ce rapport a servi de catalyseur dans la création de la Premier League, qui a été fondée sous le nom de FA Premier League le 20 février 1992. La ligue est née d’un désir d’améliorer les récompenses financières et d’instaurer une structure plus compétitive au sein du football anglais.

La saison 1992/93 a marqué une transformation décisive dans le paysage du football anglais avec la création de la Premier League, qui a vu Manchester United remporter son premier titre. Cette ligue est désormais une marque mondiale, attirant les meilleurs talents internationaux grâce à des stratégies de branding et de marketing efficaces.

Rupture et indépendance financière : Comment la Premier League a redéfini la distribution des revenus télévisuels.

La Premier League enregistre des revenus record pour la saison 2022/23

La saison 2022/23 a marqué un tournant dans l’histoire financière des clubs de la Premier League, avec des revenus dépassant pour la première fois la barre des 6 milliards de livres sterling. Les chiffres révèlent un montant record de 6,1 milliards de livres, soit une augmentation de 11 % par rapport à la saison précédente.

  • Revenus de diffusion : Les revenus liés aux droits de diffusion ont connu une hausse de 9 %, augmentant de 278 millions de livres pour atteindre un total de 3,2 milliards de livres en 2022/23. Cette croissance est principalement attribuée à des distributions plus élevées aux clubs, résultant d’accords de diffusion internationale plus lucratifs.
  • Coûts salariaux : Malgré cette augmentation des revenus, les coûts salariaux totaux ont dépassé la barre des 4 milliards de livres. La rentabilité opérationnelle, avant le commerce des joueurs, a chuté de 18 %, s’élevant à 393 millions de livres.
  • Dette nette : La dette nette des clubs a également enregistré une hausse significative, augmentant de 473 millions de livres pour atteindre 3,1 milliards de livres, principalement en raison du financement des projets d’infrastructure.
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Sur le plan des bénéfices, seuls quatre clubs ont réussi à afficher un bénéfice avant impôts pour la saison 2022/23 :

  • Brighton & Hove Albion : 133 millions de livres
  • Manchester City : 80 millions de livres
  • AFC Bournemouth : 44 millions de livres
  • Brentford : 9 millions de livres

Il est intéressant de noter que la croissance des revenus a été principalement alimentée par l’augmentation des revenus de diffusion et l’optimisation des modèles commerciaux, notamment les offres de jours de match. En effet, les revenus générés lors des jours de match ont enregistré une augmentation de 14 %, atteignant 867 millions de livres, avec une affluence moyenne record de 40 291 spectateurs.

Les revenus commerciaux, quant à eux, ont également atteint des sommets historiques, augmentant de 221 millions de livres d’une année sur l’autre, frôlant ainsi les 2 milliards de livres en 2022/23.

Cependant, malgré cette amélioration des revenus, les clubs ont continué à faire face à des pertes avant impôts, qui ont augmenté de 14 % pour atteindre 685 millions de livres. Cela a conduit à une perte agrégée avant impôts pour la cinquième année consécutive.

Enfin, il est à noter que la Premier League a versé un total de 1,23 milliard de livres (soit 1,45 milliard de dollars) à l’English Football League (EFL) et à la pyramide footballistique entre 2019 et 2022, via deux mécanismes : les “Parachute Payments” et les “Solidarity Payments”.

L’ascension médiatique de la Premier League : Négociations des droits TV et impact sur le football anglais.

La Premier League frappe fort avec un contrat médiatique record

La Premier League anglaise vient d’annoncer ce qui sera considéré comme le “plus grand contrat de droits médiatiques sportifs jamais conclu au Royaume-Uni”, marquant une nouvelle ère pour le football anglais. Ce contrat, évalué à 6,7 milliards de livres sterling, s’étendra sur un cycle de 4 ans, débutant à la saison 2025/26.

Pour mettre cela en perspective, le contrat inaugural de la Premier League, signé en mai 1992, avait une valeur de 304 millions de livres pour les cinq premières saisons (1992/93 à 1996/97). Le contrat actuel, couvrant la période de 2022/23 à 2024/25, est quant à lui évalué à 5 milliards de livres sur trois ans, soit environ 1,62 milliard de livres par saison.

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L’augmentation par rapport à ce contrat est marginale, avec une estimation de 1,67 milliard de livres par saison, représentant une hausse de juste plus de 3 %. Cependant, le nombre de matchs diffusés en direct sous le nouveau contrat va augmenter : environ 270 matchs par saison seront accessibles, contre 200 matchs sous l’accord actuel.

En termes financiers, la valeur par match sous le nouveau contrat sera d’environ 6,2 millions de livres, en baisse par rapport aux 8,11 millions de livres sous l’accord actuel. Ce contrat, qui est sans précédent dans le football mondial, est devancé seulement par la NFL et l’IPL en termes de revenus domestiques par match.

Les droits de télévision à l’étranger surpassent actuellement les droits domestiques dans le cadre de l’accord en cours. Pour le cycle 2022-2025, les droits télévisés domestiques s’élèvent à 5 milliards de livres, tandis que les droits internationaux atteignent 5,05 milliards de livres.

En 2021-2022, Manchester City a bénéficié de plus de 153 millions de livres issus des droits médiatiques de la Premier League. Les revenus générés par les diffuseurs sont répartis entre les 20 clubs de la Premier League selon un modèle précis : 50 % partagés également, 25 % selon le mérite et 25 % pour les frais d’installation.

Les droits de diffusion à l’étranger gagnent en importance, avec un contrat notable de NBC aux États-Unis, s’élevant à 2 milliards de livres. De plus, la Premier League impose des règles qui empêchent la diffusion de certains matchs en direct sur le territoire britannique.

Les revenus globaux et domestiques de la Premier League pour le cycle 2025 à 2028 devraient ainsi augmenter de 17 %, atteignant 12,25 milliards de livres sterling. La ligue prévoit d’investir plus de 1,6 milliard de livres sterling pour soutenir les clubs, les fans et les joueurs à tous les niveaux du football.

Le dernier contrat de droits médiatiques domestiques, d’une valeur de 6,7 milliards de livres sterling, surpasse également ceux des autres grandes ligues européennes, comme la Serie A en Italie (4,5 milliards d’euros sur 5 saisons) et La Liga en Espagne (4,95 milliards d’euros sur 5 saisons). En Allemagne, la Bundesliga dispose d’un contrat de 4,4 milliards d’euros sur 4 ans.

À titre de comparaison, le contrat de droits médiatiques le plus élevé reste celui de la NFL, avec des accords totalisant 110 milliards de dollars sur 11 saisons. La Premier League, consciente de son attractivité croissante, cherche à utiliser le sport pour renforcer sa popularité, ce qui bénéficie également à son partenaire historique, Sky.

Le cycle de droits domestiques actuel s’achèvera à la fin de la saison 2024-25, et le processus d’appel d’offres pour les droits à venir démarrera plus tard cette année. Sky Sports et BT Sport s’engagent à verser un total de 5,136 milliards de livres sterling pour un autre contrat de trois ans, affichant une augmentation de 71 % des revenus.

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