Le Paradoxe des Entraîneurs Anglais en Premier League : Analyse des Défis et Absence de Titres
En Premier League, seulement 20 % des entraîneurs sont anglais. Pour la saison 2023-24, cinq équipes (soit 25 %) disposent d’un manager britannique. Ces chiffres révèlent une réalité troublante avec actuellement moins de deux entraîneurs anglais, un nombre jamais atteint auparavant.
Aucun entraîneur anglais n’a remporté de trophée majeur depuis plus de 15 ans. Le dernier en date fut Howard Wilkinson, qui a soulevé la ligue en 1992. Par ailleurs, les entraîneurs anglais totalisent seulement 31 matches en Ligue des champions, alors que Thomas Tuchel, lui, en a dirigé 67, atteignant à quatre reprises les demi-finales.
Frank Lampard se démarque comme l’unique entraîneur actif ayant dirigé plus de dix matchs en Ligue des champions, avec 16 rencontres à son actif. Ce bilan contraste fortement avec celui de Thomas Tuchel, vu par beaucoup comme le standard à atteindre, avec 11 trophées remportés en 15 ans, dont la Ligue des champions avec Chelsea en 2021.
Eddie Howe est également cité comme le meilleur entraîneur anglais actuellement, menant Newcastle à la septième place du classement. Cependant, il faut noter que les entraîneurs anglais en Premier League ne dirigent pas d’équipes en lice pour le titre, soulignant la difficulté persistante à remporter le championnat.
L’Angleterre fournit le manager pour 11 équipes nationales – un chiffre comparable à la France et à l’Italie, mais bien inférieur aux 14 de l’Espagne. Selon le classement mondial de la FIFA, les meilleures équipes entraînées par des Anglais sont la Jamaïque (61e), la Nouvelle-Zélande (95e) et Porto Rico (154e).
Le Football Association (FA) a interviewé environ 10 candidats pour le poste d’entraîneur principal, mais aucun n’a un CV digne de celui de Tuchel. Ce dernier, envisagé comme successeur potentiel de Gareth Southgate, incarne les défis auxquels font face les entraîneurs britanniques en termes de quantité et de compétence.
Pour ajouter au constat, en Premier League, il y a actuellement cinq entraîneurs espagnols et huit Italiens, tandis que seulement quatre Italiens et deux Écossais – dont Alex Ferguson, vainqueur à 13 reprises – ont déjà remporté la ligue. Un obstacle majeur au développement des entraîneurs anglais est le coût élevé des licences UEFA, rendant la formation difficile pour ceux qui n’ont pas le soutien financier des clubs.
Stratégies pour Relancer le Coaching Anglais : Développement des Talents et Perspectives d’Avenir en Premier League
La Révolution du Coaching en Premier League
La Premier League investit environ 22 millions de livres par saison dans le coaching et le développement des entraîneurs. Ce formidable engagement se traduit par une hausse spectaculaire du nombre d’entraîneurs à temps plein dans les académies, passant de 250 en 2012/13 à 800 en 2019/20.
En 2020/21, le lancement de l’Elite Coaching Plan (ECP) a marqué un tournant. Ce programme vise à améliorer les parcours des entraîneurs et à mettre en place un système de développement de coaching de classe mondiale. Parallèlement, le Professional Player to Coach Scheme (PPCS) offre jusqu’à six entraîneurs par saison un placement intensif de 23 mois dans des clubs de l’EFL.
Le Coach Inclusion Diversity Scheme (CIDS) complète ces initiatives en ciblant une augmentation du nombre de femmes entraîneurs ainsi que d’entraîneurs issus des communautés noire, asiatique et mixte dans des postes à temps plein. La diversité est au cœur de ces programmes, qui offrent des placements à durée déterminée au sein des clubs, accompagnés de mentorat et d’une formation structurée.
Ces schémas ne se limitent pas à la formation traditionnelle. Ils proposent des expériences non conventionnelles pour développer la résilience et le leadership, telles que :
- Des activités en extérieur
- Des ateliers de comédie improvisée
Neil Saunders, directeur du football de la Premier League, affirme qu’“il est essentiel de réduire les obstacles pour les personnes issues de milieux sous-représentés afin d’assurer un chemin vers le coaching”. Cette déclaration souligne l’importance de créer des opportunités pour tous. En collaboration avec l’EFL, la PFA et la LMA, la Premier League vise à apporter de meilleures opportunités aux entraîneurs issus de groupes sous-représentés.
Les résultats se font déjà sentir. Le PPCS a soutenu au total 32 entraîneurs, tous actuellement employés dans le football professionnel anglais, et le nombre total d’entraîneurs dans la main-d’œuvre professionnelle de coaching a atteint environ 2 500. De plus, 93 % des parents de joueurs des académies jugent l’expérience globale très positive pour leurs enfants.
Sur le plan académique, 67 % des joueurs des académies de la Premier League ont obtenu des résultats A ou A* lors de leurs A-levels, contre une moyenne nationale d’environ 45 %, et 84 % des résultats des A-levels des boursiers étaient notés entre A* et B.
Des figures importantes comme Fuller et Johnson soulignent l’impact des programmes PPCS et CIDS pour favoriser la diversité dans le football. De son côté, Hafesji-Wade, entraîneur à l’Académie de Chelsea, se considère comme un modèle pour les jeunes entraîneurs et joueurs issus de minorités ethniques.
Enfin, le rapport EY sur l’impact économique et social de la Premier League met en avant l’augmentation significative de la qualité et du nombre de coachs dans le football anglais. Les schémas mis en place par la Premier League ouvrent ainsi un nouveau chapitre pour diversifier et renforcer l’avenir du coaching, offrant encore plus d’opportunités aux jeunes talents.